Eric Antoine : un Merlin dans un cadre enchanteur

25 avril 2022

Culture

C’est une silhouette qui ne passe pas inaperçue dans les rues de Saint Marc Jaumegarde. Ce n’est pas tant sa taille, certes imposante, qui interpelle les passants. C’est son visage familier, dévoilé par les derniers rayons d’un soleil printanier. Celui d’un magicien atypique, d’un humoriste décalé et d’un animateur bienveillant connu et reconnu de tous : Eric Antoine. Ce Saint-Marcais convaincu vient à notre rencontre, déambulant tranquillement dans l’environnement préservé de notre commune. Un merlin dans un cadre enchanteur. Entretien avec un homme sincère, mâture et engagé, soucieux du bien-être animal et de la préservation de notre planète, qui laisse apparaître, parfois, au détour d’une phrase, cette malice enfantine qui ne le quittera sûrement jamais.

Eric Antoine bonjour ! Vous avez dû interrompre votre tournée à cause d’une blessure contractée suite à une mauvaise chute sur scène. Comment allez-vous aujourd’hui ?

Mieux merci. Je vais encore avoir mal pendant 6 mois mais j’ai pu reprendre la tournée, c’est le plus important. J’étais très impatient de retrouver mon public. Je mets de la glace avant chaque spectacle pour calmer la douleur et tout se passe bien.

Dans votre dernier spectacle, « Grandis un peu ! », vous vous demandez si l’enfant que vous avez été serait fier de l’adulte que vous êtes devenu. Est-ce que votre engagement en faveur de l’écologie et du bien-être animal cherche également à rendre fier le petit Eric ou est-ce juste une volonté de transmettre un monde meilleur à vos enfants ?

C’est un petit peu tout ça bien sûr, mais c’est encore autre chose. En tant que magicien, je sais que nous vivons dans un monde rempli d’illusions. Quand on va au supermarché par exemple, tout est à portée de main, facile d’accès, c’est magique ! Mais c’est une illusion. Car si nous savons combien nous allons payer les aliments, nous n’avons aucune idée de leur coût pour la planète et pour notre santé. Donc quand je fais mes courses, j’essaie de comprendre comment les aliments arrivent jusqu’à notre assiette. J’essaie d’être le plus pragmatique possible et de comprendre comment les choses fonctionnent. C’est une espèce de curiosité obsessionnelle, commune à tous les illusionnistes, mais qui amène beaucoup de connaissances. Et j’aime apprendre.

Grâce à cette curiosité, j’ai découvert petit à petit la réalité des choses et mes engagements ont évolué. Mon comportement alimentaire également. J’ai découvert les nombreuses aberrations écologiques de notre société. L’élevage intensif par exemple est une aberration absolue aussi bien pour les humains qui participent à cette production que pour ceux qui la consomment. C’est une aberration pour la planète et pour les animaux. Et quand tu réalises que la déforestation est essentiellement due à la culture intensive du soja dans l’objectif de nourrir les animaux dont nous allons consommer la viande, tu réalises qu’il est peut-être temps d’arrêter d’en manger. Ce n’est pas idéologique, c’est pragmatique. Et les politiques devraient l’être un peu plus.

Vous considérez donc que la solution est plus en chacun de nous que dans les actions des politiques ?

Je pense que la solution est dans l’éducation et dans la transmissions. Notamment par l’école, puisque nous avons la chance d’avoir une école citoyenne, puissante. Il faut apprendre à nos enfants à se poser les bonnes questions, à faire la différence entre l’info et l’intox, à ne pas se laisser manipuler, à toujours réfléchir à comment les choses fonctionnent. Quand on sait comment les choses fonctionnent, on peut agir sans se tromper.

Si vous deviez donner un premier conseil à une famille qui souhaite changer ses habitudes pour préserver l’environnement ? Quel serait-il ?

La chose la plus importante de toutes, celle qui a le plus gros impact sur la planète c’est de réduire sa consommation de viande. Cela a un impact sur la santé, un impact sur la planète et un impact sur les animaux. Triple bénéfice. Nos grands-parents et nos arrière-grands-parents n’en mangeaient qu’une fois par semaine. C’était une consommation qui était raisonnée et raisonnable. Les industries de l’élevage, et en particulier les industries américaines, nous ont fait croire que c’était essentiel pour notre santé qu’il y ait une protéine animale dans notre assiette à chaque repas. C’est une aberration en termes de santé. Donc s’il y a une chose à faire c’est de freiner sa consommation de viande. Il faut bien comprendre que pour produire un steak de 100 g il faut 10 000 litres d’eau. On te dit de ne pas prendre de bain alors que c’est anecdotique par rapport à la consommation en eau de la filière bovine. Vous n’êtes pas obligé, comme moi, de faire le choix du véganisme. Vous pouvez juste réduire votre consommation.

N’y a-t-il pas un décalage entre une consommation plus responsable et la problématique actuelle de pouvoir d’achat des Français ? Bien manger c’est souvent manger plus cher et les gens se réfugient vers une consommation industrielle plus accessible.

Je suis d’accord avec vous mais consommer des légumes industriels sera quand même moins cher que de consommer de la viande industrielle. La solution se trouve donc peut-être dans la protéine végétale. La viande industrielle comme le jambon industriel c’est ce qu’il y a de pire. Le niveau de sucre dans le jambon sous cellophane par exemple est effarant. Les enfants en raffolent grâce à ce goût sucré. Mais c’est terrible pour leur santé. Et pour la planète.

84% des Français pensent que la protection des animaux est importante, comme vous le révélez dans la vidéo tournée avec l’association L214. Pourtant, la cause animale semble assez absente du débat politique. Cela vous frustre ?

C’est dommage que le Parti Animaliste, qui avait fait de bons scores pendant les Européennes, n’ait pas pu se présenter aux élections présidentielles par manque de parrainages. Le lobby des chasseurs est puissant et est bien représenté dans la plupart des partis. Un travail que n’a pas fait le Parti Animaliste. Mais la solution une nouvelle fois viendra de l’éducation. J’avais un grand-père qui pêchait. J’allais dans les torrents en montagne pêcher la truite avec lui. Je trouvais ça magnifique même si le coup de massue sur la tête de ce pauvre poisson était difficile. Mais comme c’était un geste transmis par quelqu’un que tu aimes, cela me paraissait normal. On en revient donc à l’éducation. A la transmission. Il ne faut pas rester bloqués sur nos traditions. Pourquoi en Chine on mange du chien ? Pourquoi en France on mange de l’escargot ? Pourquoi en Inde on ne touche surtout pas aux vaches ? La tradition n’a de valeur que parce qu’elle a été répétée mais elle n’a pas de valeur intrinsèque. Il ne faut pas hésiter à évoluer.

Vivre à Saint Marc Jaumegarde, dans un environnement préservé, calme, au cœur de la nature provençale, plutôt qu’à Paris où tout se passe c’est un choix de vie ?

C’est un choix et un hasard de la vie. Quand je vivais à Paris, j’étais beaucoup sollicité par les médias. En tant que parisien on m’appelait souvent à la dernière minute. Un soir, Laurent Ruquier m’a fait venir au dernier moment dans son émission pour remplacer Bernard Tapie. Je suis venu sans me préparer et j’ai fait une mauvaise émission. J’ai donc décidé de m’éloigner de la capitale pour ne plus vivre ce genre de situation et pour pouvoir faire les choses bien. J’ai cherché un endroit calme dans le sud mais proche des transports pour pouvoir monter facilement sur Paris. J’ai eu un coup de cœur pour une maison dans Saint Marc Jaumegarde. Et mon choix à été conforté par la situation et le cadre exceptionnel de la commune. Un endroit idéal pour élever des enfants. Et écrire.

Parlons un peu de votre actualité. En quoi votre spectacle actuel est-il différent de vos anciens shows ? Et pourquoi cette évolution ?

C’est un spectacle plus poétique, plus émotionnel, plus intime. Le COVID a fait évoluer mon écriture. C’est un spectacle que je préparais depuis plus d’un an mais l’introspection due aux confinements m’a amené à le modifier. Et puis il y a aussi un changement dû à l’âge.

J’ai 45 ans, cela fait 25 ans que je fais ce métier et au début je n’avais qu’une seule envie c’était de faire la fête. Tous mes spectacles étaient sous-titrés « l’orgasme festif » car je souhaitais faire de la vie des gens une fête, leur donner envie de fêter la vie. J’ai toujours cette envie mais la notion de ce qui est important pour moi a bougé. Aujourd’hui j’ai envie de fêter notre intelligence, de fêter notre curiosité, de fêter le vivre ensemble, de fêter notre résilience.

En dehors de la tournée, quelle est votre actualité ? Vous avez d’autres projets ?

Beaucoup ! A la télévision tout d’abord. Il y a bien évidemment l’émission que l’on a tournée ici, à Saint Marc Jaumegarde, sur le thème du traitement des déchets et qui s’appelle « 0 déchet ». Je continue également « Incroyable Talent » et « Lego Masters ». Je vais bientôt tourner un nouveau jeu qui s’appelle « traitors » basé sur le jeu du Loup Garou. Puis je vais présenter deux émissions musicales. On va donc beaucoup me voir à la télé ! Sinon je produis le spectacle de Capucine, une ventriloque extraordinaire découverte dans « Incroyable Talent ». J’ai également deux nouveaux spectacles sur le feu et je suis en train d’écrire un bouquin. Je vais aussi finir un roman jeunesse qui va paraître en septembre. Et là, je suis en train de créer une école digitale de la magie qui se situera à Aix et à Lyon. Je suis à la limite de l’hyperactivité.

Justement, pouvez-vous nous confier la balade que vous aimez faire pour vous ressourcer autour de Saint Marc ?

Il y a deux balades que j’aime beaucoup. Près du Chemin du Plan de Lorgue il y a un petit sentier qui monte, bordé de plantes aromatiques. Une fois en haut, en bord de falaise, vous profitez de points de vue extraordinaires sur la Montagne Sainte Victoire. J’adore m’y balader avec mes chiens.

La deuxième, c’est une balade au bord du lac de Bimont qui se termine dans la forêt et dont le départ est situé après les Bonfillons. C’est un vrai bonheur car elle est assez peu fréquentée. Mais n’en parlez pas trop… c’est un secret !

Où voir Eric Antoine ? 

  • Vous pourrez voir le spectacle d’Eric Antoine les 21 et 22 septembre 2022 au CEPAC Silo à Marseille et en 2023 (dates à définir) à l’Arena du Pays d’Aix.
  • La nouvelle saison de « La France a un incroyable talent » est prévue aux alentours d’octobre 2022 (date à confirmer).
  • La nouvelle saison de « Lego Masters » est prévue pour la fin 2022 (date à confirmer).
  • L’émission « Objectif zéro déchet : un jeu d’enfant ! » est à retrouver dès aujourd’hui sur 6play.
  • La ventriloque Capucine est en tournée avec son spectacle « Le Cas Pucine » à Rognac jusqu’au 5 mai 2022, à Avignon le 7 mai 2022 et un peu partout en France.

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